Jean-Jules Verne,
les paroles d'un héritier
Arrière-petit-fils de Jules Verne, chanteur lyrique, fondateur des éditions Triumvirat pour la réalisation de Jules Verne'legacy, un CDRom voué à son célèbre ailleul
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Ensemble des témoignages

Victor Hugo : éditeur, auteur
Balzac : auteur
A. David-néel : auteur

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Interview


Jules Verne'Legacy, une histoire vernienne  >>Quand on ose résumer Jules Verne >>Les contraintes de la machine informatique

la réalisation du CDRom Jules Verne'legacy, une histoire vernienne

Avez-vous d'autres projets en multimédia?
C'est en fait une histoire personnelle, ce CDRom. Dans Jules Verne'Legacy, j'y ai mis de l'affectif, j'ai brûlé les meubles. Dans les années 90, j'ai un peu renoué avec mon passé vernien. Je faisais du chant lyrique, puis j'ai retrouvé le manuscrit Paris au XX° siècle. J'ai donc commencé à lire Jules Verne, et ce CDRom m'a obligé à me plonger complètement dans les oeuvres de Jules Verne (ce que je n'avais jamais fait).

Et surtout je me suis fait ma propre opinion de ce qu'est l'œuvre de Jules Verne, sans avoir à être influencé par les verniens traditionnels qui ont leur interprétation des textes. En un an, j'ai tout lu, et je me suis rappelé de ce que m'avaient dit mon père et ceux qui dans ma jeunesse avaient connu Jules Verne. J'avais donc une mémoire en moi. Et donc ce CD fut quelque chose d'affectif dans le temps. Cela m'a relié à sa pensée : la manière dont s'est déroulée la production est très comparable à ces romans. La réalisation de ce CDRom fut pour moi le tour du monde en 80 jours en live. Je me suis dit : "on dirait que Jules est là quelque part, à mes côtés". Avec ce CDRom, j'ai découvert la vie: on arrivait à sortir de situations inextricables comme ça, d'un seul coup, comme dans un roman. Un peu comme Philéas Fogg fait son pari du tour du monde. Je me suis dit également : "de toute façon c'est un truc qui va durer deux mois, bon je mets de l'argent dedans, mais c'est pas grave, je vais poursuivre ma vie". Et en fait ça a bouleversé ma vie du tout au tout, comme Philéas Fogg : au début il fait son voyage, comme ça, comme un challenge, mais il n'envisage pas du tout la retombée à la fin de son périple. Et avec le temps, cela a créé un lien beaucoup plus direct avec Jules Verne. Mon passé génétique a été des plus présents chez moi, bien plus que par n'importe quel autre moyen.

Pourquoi présenter Jules Verne sur CDRom?
Ce n'est pas une idée à moi. Je ne connaissais rien aux CDRoms, je n'avais même pas d'ordinateurs chez moi. Alors, voilà, j'ai travaillé avec quelques personnes, pour savoir comment on allait présenter tout cela, et puis voilà. Je ne voulais pas que ce soit un CDRom avec les textes originaux des œuvres de Jules Verne uniquement. Je ne vois pas l'intérêt de mettre des milliers de page sur format informatique. Je n'ai en fait pas vu beaucoup de CDRoms avant de faire le mien. Ce que je voulais, c'est faire découvrir Jules Verne à ceux qui n'aiment pas lire, que 600 pages rebutent. La lecture dans la jeunesse est quelque chose de très restreint. Je voulais donc que Jules Verne soit connu différemment, particulièrement grâce à certaines de ses œuvres inédites. L'idée donc de départ, ce fut : pas de menu écrit, le moins de textes écrits, que les gens tombent sur des choses, des histoires qui donnent ensuite envie de lire l'intégral sur livre, ou de regarder les films adaptés. Voilà, c'est un voyage, c'est l'esprit de Jules Verne, d'une manière un peu différente.
On devait faire au départ un seul CDRom, et puis on a découvert qu'en informatique, tout prend beaucoup de place et donc on en a fait 3 !

L'historique du CDRom Jules Verne'Legacy?
Un Anglais, informaticien, m'a dit un jour: il faudrait que vous fassiez quelque chose de numérique sur votre arrière-grand-père. Il m'a harcelé pendant des mois avec cela. Alors je m'y suis mis : j'ai cru que cela me prendrait 2 mois et 500 000 F…

Qu'avez-vous dû apprendre pour faire ce CDRom?
Ce que je voulais faire, c'est faire participer le plus de corps de métiers possibles : des illustrateurs, des comédiens, des chercheurs, mais que cela ne fasse pas quelque chose d'universitaire…J'ai réuni un certain nombre de personnes, on a réfléchi à ce qu'on pouvait faire pendant deux mois. Et puis j'ai été à l'ANPE, j'ai passé une annonce, en demandant des infographistes et informaticiens, des gens qui avaient entre 18 et 25 ans et qui n'avaient jamais fait de multimédia. Ils étaient programmeurs, infographistes, mais n'avaient pas fait de CDRoms de leur vie. Et on a regardé ensemble tous les logiciels possibles pour voir ce que l'on pouvait faire, pendant deux ou trois mois. Ce sont donc sept personnes salariées qui ont créé ma structure, puis 140 personnes ont travaillé au projet.

Hachette n'était pas dans le projet au départ?
J'avais contacté au départ Hachette effectivement, je leur ai demandé si cas échéant, ils l'éditeraient. Ils ont immédiatement voulu le produire, mais j'ai refusé. Je ne savais pas exactement ce que je voulais faire, mais je savais ce que je ne voulais pas, à savoir un CDRom style atout-clic. Je voulais en fait prendre le risque financier, intellectuel aussi. Je ne voulais pas non plus faire appel à des professionnels qui font des CDRoms toute la journée à la chaîne, qui sont payés par les boites d'éditions, qui ont un cahier des charges précis à respecter. Non je ne voulais pas du tout cette ambiance-là. Hachette a donc dit : "bon allez-y et si vous réussissez et bien on le distribuera". Puis je n'ai plus eu de nouvelles pendant tout le temps de la conception et du développement. J'ai créé TRIUMVIRAT à Avignon, parce qu'à l'époque j'étais en "transit" à Avignon, je devais en fait aller vivre aux Etats Unis, pour le chant lyrique. Et puis une fois le CDRom fini, j'ai lancé un appel d'offre le soir à une trentaine d'éditeurs par fax, et 6 heures après Hachette me répondait positivement. En fait, ce sont les premiers qui ont répondu à l'appel. Havas, Canal + et d'autres ont appelé aussi, mais j'ai choisi Hachette parce qu'on les a vus immédiatement, qu'ils m'ont dit oui tout de suite. Donc je n'ai pas donné suite aux autres offres.

Combien a coûté la production du CDRom?
Le CDRom a coûté 6 millions de Francs, j'en ai déboursé 2, on a payé en tout 3 millions et demi cash, et le reste est en dette que je supporte personnellement. Hachette Multimédia n'est que le diffuseur qui a acheté un produit fini.

Donc un an et demi, et 6 millions de Francs pour faire le CDRom. Vous en avez vendu combien?
Je ne sais pas. Hachette ne veut donner les résultats qu'au bout d'un an de vente révolu. Donc je ne sais pas. Je sais qu'il s'est assez bien vendu. Mais je n'ai pas de chiffres. J'aimerais rentrer dans mes frais. Je ne l'ai pas fait pour l'argent. Je pense qu'il sera rentable sur le temps.


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Quand on ose résumer un roman de Jules Verne

Pour résumer le contenu, on peut dire que vous avez réalisé trois CDRoms qui représentent trois univers différents, qui sont évidemment des émanations des mondes de Jules Verne. Vous avez classifié toutes les œuvres de Jules Verne, en fonction de ces trois univers. Chaque œuvre, vous l'avez résumée, mise en scène, et en avez écrit les dialogues. Vous avez donc ré-écrit ce que Jules Verne avait écrit...
Oui, c'est d'ailleurs souvent ce qu'on me reproche. En fait ce CDRom est une interprétation, la mienne, de son œuvre, de sa pensée, ce que j'ai pensé ce qu'il y avait d'essentiel dans chaque œuvre. En effet je ne vois comment en multimédia, on peut reproduire le style d'un écrivain.

Et ce qui fait un auteur, c'est son style littéraire. Moi, j'ai gardé la pensée. Et le style littéraire, c'est en fait les personnes qui lisent le roman qui le découvrent. Le CDRom ne remplace pas le livre. Le CDRom a permis de donner le sacrement de chaque œuvre, surtout les moins connues, pour que les gens découvrent l'univers d'un écrivain, sa vie, son environnement et les rapports avec son siècle, d'où les niveaux deux et trois (ndlr : les niveaux 2 et 3 correspondent aux CDRoms 2 et 3 du coffret).
J'ai commencé par la vie de Jules Verne, j'ai fait en sorte qu'elle soit racontée par des gens qui ont connu sa vie, l'ont étudiée. C'est aussi la manière dont moi, je voyais sa vie. Il y a des choses que l'on ne connaît pas de Jules Verne que je connaissais familialement et puis j'ai éliminé toutes les légendes qui courent autour de mon ailleul. Il y des gens de renom comme Brad Burry, mais aussi beaucoup d'inconnus qui depuis des années travaillent dans l'anonymat le plus total qui ont écrit ce qu'ils connaissaient sur Jules Verne. Ce fut le cas aussi des illustrateurs, des jeunes personnes. Le CDRom est basé sur une liberté totale. En fait j'ai donné à chaque illustrateur un roman ou un thème et je leur ai dit : faites ce que vous voulez. J'ai en fait pris 23 personnes qui ont des styles graphiques complètement différents (on m'a reproché d'ailleurs ces différences dans le graphisme). Les gravures d'Hetzel sont évidemment présentes : elles y sont toutes. On n'aurait évidemment pas compris qu'il n'y ait pas les gravures d'époque. Mais je voulais créer un univers visuel qui montre comment on voit les oeuvres de Jules Verne au XX° siècle. Aujourd'hui, on a cette vision-là des œuvres de Jules Verne, c'est ce travail-là qui m'intéressait. C'était aussi pour toucher tous les goûts parce que tous les goûts sont dans la nature. Pour moi, le style BD par exemple, n'est pas ce que je préfère, et pourtant il y en a beaucoup dans le CDRom. C'était pour faire participer un maximum de gens avec des sensibilités différentes, avec chacun une entière liberté dans un cadre précis évidemment. Je n'ai jamais critiqué ou fait refaire un dessin pour son style. Mais j'ai dû évidemment cadrer pour que cela colle aux contraintes techniques.

Vous avez dû réécrire après Jules Verne, vous avez résumé, mais aussi créé des dialogues. Est-ce dur d'écrire après Jules Verne?
Dans les dialogues que j'ai écrits, il y a des phrases des romans qui me paraissaient essentielles. Les belles formules littéraires je les ai mises dans les dialogues. Mais non je n'ai pas eu de complexes à ré-écrire après Jules Verne, non. Je n'ai pas eu de complexes parce qu'on ne pouvait pas résumer un roman de 400 pages en 40 répliques sans ré-écrire. En fait cela devient carrément autre chose que l'œuvre originale. Le plus long en fait ça a été de tout lire et puis de trouver l'essentiel. J'ai fait des impasses énormes, mais l'essentiel c'était de donner l'esprit de chaque œuvre et de donner l'envie à chacun parcourant le CDRom de découvrir l'écrivain. Et puis on peut s'arrêter là, on n'est pas obligé de lire le roman. De toutes les manières, le CDRom ne remplace pas le livre, c'est différent, c'est une prolongation d'une pensée, d'un esprit.

Qualités et défauts de votre CDRom?
On m'a reproché qu'il n'était pas assez ludique, mais je ne vois pas beaucoup l'intérêt du jeu dans Jules Verne. Certains ont trouvé que la navigation était trop linéaire. Au départ, on ne l'avait pas fait linéaire du tout ; on avait fait comme une sorte de roman où on pouvait aller dans tous les sens. Et puis on a fait des essais sur des étudiants, qui n'ont rien compris et nous ont dit qu'il fallait une certaine linéarité dans l'histoire si on voulait se retrouver. On nous a reproché aussi que l'approche était trop intellectuelle parce qu'il n'y avait pas de menu écrit. Mais c'était ma volonté de faire sans texte.

Ce que vous aimez particulièrement dans votre CDRom?
Je pense qu'on ne s'ennuie pas. C'est une promenade vernienne. On ne sait pas où on va, mais on arrive toujours à une histoire. Et puis ce n'est pas pesant. Jules Verne n'est pas quelqu'un de pesant. C'est plein d'histoires, d'aventures, d'idées. Je trouve que le CDRom est représentatif de l'esprit que Jules Verne avait de parler de beaucoup de choses sans formalisme précis. Il n'y a pas trop de formalisme dans mon CDRom.

Ce que vous voulez dire, c'est que l'arborescence que vous avez choisie est représentative de ce qu'était Jules Verne, en tant qu'homme et en tant qu'œuvre?
Je pense que ça lui aurait plu. C'est peut-être prétentieux, mais c'est une manière de l'aborder sous une forme qui n'est pas concurrentielle avec le livre, qui cerne bien tout ce qu'il a voulu dire, tout son esprit, tout ce qui a fait sa notoriété. Il y a de la vie dans ce CDRom. Il n'est pas comme beaucoup qui, malheureusement, sont morts.

Vous l'avez vendu à l'étranger, justement grâce à sa notoriété? On sait que Jules Verne, on le croit américain, chez les Américains, chinois chez les Chinois…
Non on ne l'a pas vendu à l'étranger. Hachette s'en occupe. Et, j'ai voulu concevoir mon CD sans trop d'identifications culturelles. Je ne voulais pas que l'on soit uniquement Européen pour pouvoir comprendre Jules Verne'Legacy. Je ne voulais pas qu'on sente que je parlais d'un auteur français uniquement. J'ai essayé même dans les traductions que tout soit compréhensible sans référence à la France.

Pourquoi ce titre?
Parce que Jules Verne a légué plein de choses à l'humanité. Parce que Jules Verne pensait que l'Anglais serait la langue universelle…Et il n'y a pas de meilleur mot que 'Legacy' pour montrer tout ce que Jules Verne a légué à l'humanité. S'il est toujours aussi connu, je crois que c'est parce qu'il a poussé l'homme avec obsession à aller toujours plus loin, à découvrir, à aller vers ce qu'il ne connaît pas, à se remettre en question systématiquement.
Tout ses héros sont des personnages qui se découvrent eux-même mais dans l'adversité, parce qu'ils vont chercher quelque chose d'autre, en quittant leur tranquillité. Et il n'y pas beaucoup d'auteur qui ont sous-entendu cela, il y a eu Homère.. il n'y en a pas eu 50.

Le petit personnage qui nous aide à l'introduction et par la suite, c'est un personnage de Jules Verne?
Oui, c'est Passe-Partout, c'est aussi pour cela qu'une rubrique s'appelle PP (peu de personnes savent pourquoi d'ailleurs). On n'a pas voulu donner trop d'explications, c'est là l'attrait du CDRom. On passe un bon moment, le temps passe vite.

Mais toutes ces intentions ne sont pas connues du public. Elles ne sont pas expliquées sur la boîte?
Bien sûr, mais ce n'est pas moi qui ai réalisé la boîte de vente.
Et puis on m'a reproché d'avoir résumé du Jules Verne, on m'a dit "mais pour qui je me prends". Mais bon, celui qui a fait le film 20000 lieux sous les mers de Walt Disney a bien réécrit lui aussi. Il n'empêche que le film est très bien.

Est-ce à cause du marketing qui a vendu à la fois votre travail et les romans de Jules Verne, que se crée un flou véritable entre votre travail et les œuvres originales? On ne sait plus ce qui est du Jules Verne et ce qui est du Jean Verne?
Oui, on me l'a dit. Mais les éditeurs ont leur travail à faire. Bon. Et puis je n'ai pas voulu insister parce que cela aurait peut-être été interprété comme si je voulais me mettre en valeur vis-à-vis de ce que j'avais écrit. J'ai d'ailleurs même ré-écrit les textes des 43 chercheurs qui étaient beaucoup trop long, parfois même obscurs, avec leur accord évidemment. Pour moi, ce fut un très grand travail de compilation. On m'a reproché aussi qu'il n'y avait pas d'extraits de films. Mais bon, on sait que la vidéo sur CDRom, c'est très mauvais. Et puis il faudrait 10 CDRom…


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Les contraintes de la machine informatique

Votre travail d'écriture s'est-il fait en fonction de la machine informatique? Oui, hélas ! ! !

Comment écrit-on du multimédia par rapport à un roman?
La caractéristique, c'est que ce qu'on écrit en multimédia est toujours trop long. Il faut donc, couper, réduire, et encore couper. La grand difficulté en multimédia, c'est de couper tout le temps et aux bons endroits.

C'est toujours trop long, ça prend toujours trop de place, il n'y a jamais assez de mémoire, il n'y a jamais assez de méga-octets. Si on met les images, il n'y a plus de place pour le son, si on met le son, il n'y a plus d'espace pour les images… Et donc il faut compresser. Le plus dur est de trouver un équilibre. Et bien sûr on a dû sabrer des choses. Il y a des romans qu'on a un peu délaissé. Le multimédia s'écrit en fait comme un scénario de film. Et puis il faut couper, et encore couper, pour garder l'essentiel. On a essayé de garder un maximum de suspens pour que l'utilisateur se dise : je veux en savoir plus, je vais donc voir le roman. Un CDRom sur un écrivain, c'est soit une base de données, mais pour cela l'internet suffit largement, soit c'est comme un film une interprétation de quelqu'un sur une oeuvre comme on a fait au cinéma Madame Bovary de Chabrol. Ce n'est pas Flaubert sur écran. Mais ce n'est pas non plus Madame Bovary de Flaubert.Il y avait en fait autour de moi des gens qui connaissaient par cœur pleins de CDRom autour de moi. Donc que moi, je n'en aie pas vu beaucoup n'était vraiment pas gênant. L'idée principale était de ne pas copier sur les autres. Il y a un minimum de copie à cause des impasses techniques. Aujourd'hui on est encore très limités par la technique, les contraintes sont énormes. Avec le dvd-rom peut-être que cela ira mieux. Par exemple, on n'a pas fait de copie en Mac parce qu'en Mac il n'y a pas de rafraichissement d'écran, que le décalage son-image est tel sur mac qu'on a laissé tombé la version mac. On aurait dû rajouter un moteur dans le CDRom même pour compenser les insuffisances du mac, qui fait qu'on aurait été obligé d'enlever un quart du CDRom, parce que les 3 cd sont bourrés à craquer. Il fallait donc pour une version mac un quatrième CDRom spécial. Hachette a peut-être l'intention de le faire si le CDRom se vend bien dans une prochaine version. Parce qu'en fait, il n'y a pas de carte vidéo sur les mac, et dans Jules Verne's legacy, les images changent tellement vite que le son ne suit pas. Le son défile, mais il faut tellement de temps au Mac pour calculer l'image suivante que le son a bien vite fini que l'image n'est pas encore arrivée. On a fait des essais sur un mac moyen , et les résultats étaient effrayants. On est arrivés chez Hachette avec une copie PC et une copie Mac, et pourtant on a laissé tomber. Et ça n'a rien à voir avec un problème commercial de Hachette. C'est uniquement un problème technique. Notre CDRom, nous, nous l'avons conduit entièrement sur PC.

Vous avez entendu parler d'autres projets de CDRom sur Jules Verne comme celui commencé par Arte?
Oui, parce qu'au début, on devait le faire avec eux. Eux le faisaient à partir de la soirée "Théma", et un jour j'ai reçu une lettre grotesque dans laquelle était écrit "que le meilleur gagne". Et j'ai appris que leur premier réalisateur et leur deuxième étaient partis, qu'entre-temps, le mien est sorti et qu'ils ont donc lâché l'affaire. Ils viennent d'en annoncer un, ce serait un CDRom de jeux, mais je n'en sais pas plus, un truc américain.

Vous avez vu l'adaptation du Tour du Monde en 80 jours sur CDRom? Qu'en pensez-vous?
Je l'ai vu et je n'en pense rien. C'est le genre de CDRom qui ... Je n'en vois pas l'intérêt. Il y a une carte avec laquelle on ne peut rien faire, puis du texte, mal lu, et c'est tout. D'ailleurs, un roman sur CDRom n'a pas d'intérêt. Ou alors on prend un auteur, son siècle, sa vie et l'esprit qu'il a démontré, en disant aux gens,"voilà, vous avez vu l'essentiel, maintenant vous pouvez aller le lire, autrement, vous en restez là ". Mais une seule œuvre, autant aller au cinéma à ce moment-là. A moins de faire un travail d'adaptation très important.

Quelle sera selon vous l'évolution du marché du CDRom?
Il va y avoir de plus en plus de production de CDRoms, il y aura beaucoup de déchets. Mais dans le cinéma , ou l'édition papier, c'est bien la même chose. Cela va marcher parce qu'on est dans une époque d'image et de son, ainsi que de loisir. Et les CDRoms s'inscrivent dans cette mouvance. C'est pour cela que le texte doit disparaître dans les CDRoms. Du temps de mon père, on allait chasser le papillon dans la colline et bien maintenant, ils sont devant leur play-station. Et les CDRoms s'inscrivent dans ce mouvement de loisirs, même les CD culturels. Chateaubriand d'Acamédia, est peut-être très bien pour faire des recherches universitaires, mais il n'est pas selon moi un CD grand public.

L'idéal des futurs CDRom?
Il faudrait arriver à faire des CDRoms où on invente des histoires. Pas des adaptations comme beaucoup de CDRoms culturels, mais des histoires créées pour le support multimédia. Il y a la place en multimédia pour une création pure, qui n'existe pour le moment que dans le jeu, ce qui est un peu limité. Il y a eu quelques CDRoms comme Eve, mais il y a d'autres pistes à étudier.

Mais pour le moment personne n'a trouvé de solution spécifique au multimédia pour adapter une œuvre?
Non. Parce que vous avez raison, il y a une écriture à trouver dans le multimédia, au-delà des contraintes techniques. Chacun cherche à sa façon. En multimédia, on est encore au temps des frères Lumière.


Biographie

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Arrière-petit-fils de Jules Verne, chanteur lyrique, fondateur des éditions Triumvirat pour la réalisation de Jules Verne'legacy, un CDRom voué à son célèbre ailleul

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Ensemble des témoignages

Victor Hugo : éditeur, auteur
Balzac : auteur
A. David-néel : auteur

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JEAN-JULES VERNE ne vient pas du monde de l'édition, ni de l'informatique ou de tout autre secteur se rapprochant de l'édition culturelle.

Jean-Jules Verne s'est lancé dans la réalisation du CDRom Jules Verne'Legacy parce qu'il est l'arrière-petit-fils du célèbre écrivain Jules Verne.
Il ne l'a évidemment pas connu (Jean Verne est né en 1964, Jules Verne est mort en 1905), mais le père de Jean Verne a été en partie élevé par le célèbre auteur. C'est ainsi que Jean a pu baigner enfant dans une mouvance-héritage jules-vernien.

Jean Verne se destinait au chant lyrique lorsqu'il découvre par hasard dans un coffre de sa maison familiale à Toulon le manuscrit Paris au XX° siècle. C'est un roman que Jules Verne avait élaboré étant jeune et qu'Hetzel, son célèbre éditeur n'avait jamais voulu imprimer.

Jean Verne, par cette découverte, renoue avec son arrière-grand-père, fait éditer par Hachette le manuscrit. Fort de cette surprenante acquisition et de ses retombées financières, Jean Verne décide de faire un CDRom sur son ailleul illustre, alors qu'il n'a jamais vu un CDRom de sa vie.
Cette galette numérique permet alors à Jean Verne de renouer avec son passé, qu'il avait eu du mal jusqu'à présent à assumer et même de réaliser sa propre vue du monde vernien.

Jean Verne veut maintenant approcher la production théâtrale et cinématographique. Jules Verne avait déjà de son vivant inspiré de nombreuses vocations. Même après sa mort, il permet à un de ses descendants de se surpasser, à l'image de ses personnages.

Dates :
1964 : naissance de Jean-Jules Verne à Toulon, fils de Jacques Verne, Petit-fils de Michel Verne, et arrière-petit-fils de Jules Verne

1989 : découverte du manuscrit original du Jules Verne Paris au XX° siècle

1990 : apprentissage du chant lyrique

1996 : création de Triumvirat éditions

1997 : sortie de Jules Verne'Legacy

Jules Verne'Legacy
Jean-Jules Verne

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Fiche technique et analyse

Date de sortie: 1998
Editeur, diffuseur: Triumvirat Hachette Filipacchi Grolier
Studio de création: Triumvirat Développement TRIDEV MBEL
Auteurs: Jean Verne, Hugues Blondet, David Palissier
 Image :  Franck Dreyer
Son :  Pierre Fernandez
Cible: grand public de tous âges
Prix approximatif: 380 francs
Plateforme: PC

Jules Verne'Legacy se veut être une présentation de Jules Verne, de son œuvre et de son siècle. Il a été inspiré et conçu, entre autres par l'arrière-petit-fils de Jules Verne, Jean-Jules Verne.

Il vise tout public, un peu comme les œuvres de Jules Verne faisaient voyager les petits et les grands. Il est vrai que les textes et les images sont compréhensibles par un très grand nombre. Pas non plus besoin d'avoir des références verniennes pour apprécier le contenu, sinon élimine-t'on certaines références aux personnages mythique créées par Jules Verne, lorsque l'on ne les connaît pas.

Le coffret contient 3 CDRom avec la structure suivante :

CD1 : le tour du monde, du ciel et de l'univers
CD2 : les voyages, l'aventure et la liberté
CD3 : la vie, la science et la musique

Le principe de navigation est le même pour les trois disques :
1. Une ville = un C.D.
2. A partir de cette ville des éléments chers à Jules Verne qui nous emmènent vers des petites histoires résumant les romans de Jules Verne
3. Une fois l'histoire résumée racontée avec images et sons, il faut revenir à la ville pour de nouvelles aventures
4. Des options sont proposées tout au long de la promenade :
- accès direct à la séquence suivante
- arrêt ou restauration du son
- Le passe-partout : quitter, retour à la ville, crédits (liste des participants au CDRom), accès au coin du chercheur…
- Le coin du chercheur : l'encyclopédie complète sur Jules Verne, son œuvre, son siècle, sa famille, ses amis, ses intentions livresques lors de l'écriture des ses romans…
- Retour au niveau de navigation précédent

Cette arborescence est mise en évidence en image : pas de texte sur lesquels cliquer. Un véritable travail de recherche multimédia a été effectué afin de faire disparaître le texte pour naviguer, ce qui crée une ambiance nouvelle dans un CDRom culturel : on découvre par l'image et le son uniquement, sans avoir à utiliser le support texte du papier. On se rapproche en fait de l'univers du jeu numérique, aux limites de la science fiction.

Après avoir synthétisé les œuvres de Jules Verne, les auteurs ont créé un méta-univers de Jules Verne, pour créer un lien entre toutes ses œuvres.

L'utilisateur est donc mis dans la même position que le lecteur d'un roman de Jules Verne : un monde imaginaire, des personnages, des aventures, des événements…La grande différence d'avec une lecture d'un roman de Jules Verne, c'est que les aventures dans lesquelles l'utilisateur du CDRom est plongé durent quelques instants : ce ne sont que des résumés, des synthèses des romans verniens.
Le vrai lecteur de Jules Verne reconnaît donc plus ou moins ses classiques.
( A chaque dialogue, la question est posée : c'est Jules Verne, ou son arrière-petit-fils qui l'a écrit ).
L'auteur Jean Verne explique très bien ce paradoxe par les intentions qu'il a mises pour réaliser ses CDRoms :
" Ce CDRom est une interprétation , la mienne, de son œuvre, de sa pensée, ce que j'ai pensé ce qu'il y avait d'essentiel dans chaque œuvre. En effet je ne vois pas en multimédia, comment on peut reproduire le style d'un écrivain. Et ce qui fait un auteur, c'est son style littéraire. Moi, j'ai gardé la pensée. Et le style littéraire, c'est en fait les personnes qui lisent le roman qui le découvrent. Le CDRom ne remplace pas le livre. Le CDRom a permis de donner le sacrement de chaque œuvre, surtout les moins connues, pour que les gens découvrent l'univers d'un écrivain, sa vie, son environnement et les rapports avec son siècle, d'où les niveaux deux et trois. J'ai commencé par la vie de Jules Verne, j'ai fait en sorte qu'elle soit racontée par des gens qui ont connu sa vie, l'ont étudiée. Mais c'est aussi la manière dont moi, je voyais sa vie. "

On est alors frustré parce que l'histoire aurait été tronquée, voire déformée.
Jean Verne répond qu'il l'a fait intentionnellement, pour donner envie d'aller lire les romans de son arrière-grand-père.

En réalité, les concepteurs de Jules Verne'Legacy ont tenté de réaliser un véritable exploit : raconter des histoires en quelques mots qu'un auteur au XIX° siècle a développées en 100 ou 200 pages, tout en laissant à l'utilisateur de CDRom du XX° siècle une possible liberté dans les propres romans de Verne…

L'œuvre de Jules Verne a donc été réécrite par son arrière-petit-fils pour qu'elle s'adapte au support CDRom et à la structure choisie.Il fallait oser réécrire après Jules Verne…Même avec de belles images verniennes et de voix de comédiens professionnels…
Jean Verne déclare ne pas avoir eu de complexes :"celui qui a fait le film 20000 lieux sous les mers de Walt Disney a bien réécrit lui aussi. Il n'empêche pas que le film soit très bien. "

Mais ce qui paraît peut-être le plus ennuyeux dans Jules Verne'Legacy, c'est l'absence d'interactivité réelle, malgré cette adaptation voulue pas les auteurs des oeuvres de Verne au support CDRom.

La linéarité de l'arborescence casse la dynamique créée par les aventures de Verne, soutenues par des sons et images particulièrement réussies.
Jean Verne le conçoit, mais déclare : "Certains ont trouvé que la navigation était trop linéaire. Au départ, on ne l'avait pas fait linéaire du tout ; on avait fait comme une sorte de roman où on pouvait aller dans tous les sens. Et puis on a fait des essais sur des étudiants, qui n'ont rien compris, et nous ont dit qu'il fallait une certaine linéarité dans l'histoire, si on voulait se retrouver."

Ce qui donne véritablement ce sentiment d'illusion dans l'interactivité.

Cette frustration est encore plus importante lorsque l'on arrive à la fin de l'histoire choisie : il faut cliquer sur l'icône "retour au niveau de navigation précédent"pour sortir de l'histoire.
Jules Verne'Legacy est donc fait d'une multitude de voies sans issue.

Le seul choix réel laissé à l'utilisateur, c'est le choix de l'histoire vernienne qu'il veut entendre, regarder, et écouter.

La structure simple de navigation (voir le descriptif plus haut) ne permet pas beaucoup de promenades transversales entre les sujets.
Par exemple, on parle de Nadar dans la première ville si l'on clique sur le ballon dirigeable. Un chapitre et des photos lui sont consacrés. Puis lors d'autres découvertes d'œuvres, on parle encore de Nadar, mais aucun moyen n'est donné à l'utilisateur de retourner sur le chapitre complet de Nadar précédemment cité. Il fallait donc avoir déjà lu le chapitre qui lui est consacré pour connaître toute l'importance de cet homme dans la vie et l'œuvre de Jules Verne.
Les passages transversaux, les répétitions, les multi-entrées sont l'avantage du support CDRom. Or, cet avantage technique n'est pas particulièrement utilisé, même lorsqu'il pourrait ajouter au sens qu'ont voulu donner les auteurs quant à l'"invitation aux voyages extraordinaires dans les mondes fantastiques de Jules Verne[…] mais aussi une incitation à la découverte de la vie et du siècle de l'écrivain "*.
* citation de la jaquette faite par les auteurs

Ensuite, les auteurs pour relier entre elles les œuvres de Verne ont créé un méta-univers fait de symboles verniens : le ballon dirigeable, les univers étranges, les personnages aventuriers et généreux, comme la gare par exemple.…

La gare renvoie à des romans de Jules Verne :
Humbug, L'Ile à Hélice, La journée d'un journaliste en 2889, Le testament d'un excentrique, Une famille sans nom, Les forceurs de blocus, Nord contre Sud, César Cascabel, Le Volcan d'or, Le sphinx des glaces, Les voyages et aventures du Capitaine Hatteras, Voyage au centre de la terre, Un hivernage dans les glaces.

La gare est prise par les auteurs comme un moyen de remonter le temps. Le personnage principal nous l'explique.
Mais c'est tout. Cet univers ne permet en aucun cas la possibilité d'appréhender les romans de Jules Verne, sinon d'en citer le titre, et d'en écouter résumé le contenu. Les auteurs ont extrapolé des univers verniens comme la gare pour nous faire plonger dans un univers à la Jules Verne. Esthétiquement, on est vraiment dans un monde vernien. Mais cela crée une confusion entre ce qui a été inventé par Jules Verne, et les nouveautés des auteurs du CDRom.

Le méta-univers créé par les auteurs du CDRom est une introduction au monde des oeuvres de Verne, par l'ensemble des images réalisées à l'occasion pour illustrer les histoires, par les sons, les jeux des acteurs qui jouent les dialogues de Jules Verne. Mais d'imiter Jules Verne permet-il de créer une introduction à l'œuvre de Jules Verne sur CDRom …

En conclusion, Jules Verne'Legacy est une superbe compilation sur Jules Verne, ses romans, sa personnalité, sa famille, ses contemporains.
On sent un début de recherche dans l'écriture multimédia.
C'est un CDRom qui a permis la création d'images et de sons verniens.
Ce n'est en aucun cas une adaptation des romans de Jules Verne au support CDRom.
Surtout, grave est la confusion que l'on peut faire des œuvres originales de Jules Verne et de ce que son petit-fils en a tiré comme synthèse.  

Mais, cet ouvrage est un véritable cadeau pour nous vivant au XX° siècle et amoureux de Jules Verne et seul un héritier direct pouvait prétendre à la réalisation de ce type de CDRom.


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