Jean-Michel Ollé,
un éditeur de littérature, donc de textes
Fondateur des éditions Le Catalogue des lettres,
propriétaire de Chadwyck Healey France,
premier éditeur de textes électroniques en France
>>Interview  >>Biographie >>CDRom

Ensemble des témoignages

Victor Hugo : éditeur, auteur
Jules Verne : auteur
A. David-néel : auteur

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Interview


Un CDRom sans image ni son  >>Pas de marché du CDRom >>L'enseignement de la littérature en ligne

On fait un CDRom sans image et sans son parce qu'on fait un CDRom de littérature

Comment peut-on faire un CDRom sans image et sans son?
Parce qu'on fait un CDRom de littérature. Que je vous explique comment on fonctionne et vous comprendrez pourquoi. Nous sommes une société d'édition électronique, qui n'a pas vocation à priori de travailler pour le grand public. Existant depuis 10 ans, elle a pour vocation de servir la communauté des bibliothèques et des chercheurs. Notre but est à la fois simple et compliqué: il s'agit de numériser toute la littérature française passée dans le domaine public, à savoir donc depuis 1927. Ce qui est compliqué c'est que cela représente plus de 50 000 volumes, et que tous les ouvrages ne sont pas facilement retrouvables.

Travaillant pour la communautés des bibliothèques, nous ne sommes donc pas du tout sur le même créneau que les CDRoms sur la littérature dont nous venons de parler. Nous faisons des CDRoms très chers, entre 8000 F et 40 000 F, qui sont vendus aux bibliothèques pour satisfaire deux besoins dans la communauté des chercheurs: la mise à disposition des livres disparus et les moyens électroniques pour interroger sémantiquement et grammaticalement ces textes. De ces CDRoms est extraite une infime partie destinée au grand public (ndlr : Balzac, la Comédie Humaine, Texte intégral, éd. Le Catalogue des Lettres). On a donc mis à disposition d'un public cultivé l'ensemble de l'œuvre d'un auteur. Par exemple dans la Comédie Humaine de Balzac, cela représente l'ensemble des romans à savoir 88 romans, cela représente 200 000 pages à peu près. Nous avons dès le départ, réfuté l'idée que pour faire un CDRom, il fallait mettre de l'image et du son. Nos CDRoms sont des outils de travail à l'attention des littéraires, des professeurs, des élèves.

Est-ce parce que le texte coûte moins cher que les images?
Ces choix ne sont pas un problème de prix. Sachez qu'une image ne coûte rien, le son non plus. Une image coûte 250 Francs de droits. Un roman coûte entre 5 et 6000 Francs de droits. Il faut acquérir le roman, certaines fois il est extrêmement difficile d'avoir le texte originale. En dernier lieu on passe par la Bibliothèque Nationale qui nous fait payer chaque page de photocopie au prix fort. Une fois qu'on a le roman il faut le numériser, le saisir, et corriger de nombreuses pages. Cela coûte entre 1500 F et 2000 Francs par volume. Ensuite, ce texte, il faut le coder, parce qu'il faut pouvoir interroger le texte sur tous les mots. Une image par exemple n'a pas besoin d'être codée. Donc notre choix politique n'a pas été influencé par un problème de prix.

L'internet vous fait-il de la concurrence?
Non. Vous avez effectivement des textes en intégral sur le web, par exemple ceux de la Bibliothèque Nationale de France. Mais ce sont des fichiers images. Donc vous ne pouvez pas faire de recherches syntaxiques ou lexicographiques dessus. Deuxièmement vous avez des gens, des institutions qui mettent en ligne des textes. Ils le font d'une manière philanthropique. Et vous en tant qu'internaute ou chercheur, vous ne savez pas si le texte a été bien numérisé, quelle version on vous propose, l'année d'édition…Or pour faire une recherche universitaire précise, on a besoin d'être sûr du texte et de sa bonne numérisation. Nous, nous sommes à côté de ces gens! Nous offrons des textes sûrs, référencés. Ce n'est donc pas une concurrence. Au contraire, plus les gens iront sur des sites littéraires de textes intégraux, plus ils s'habitueront à l'édition électronique et, dans un deuxième temps, auront besoin de nos textes certifiés.

Vous allez proposer des produits sur internet?
Oui, nous voulons faire deux choses. Nous allons mettre en ligne nos 800 CDRoms qui comprennent plus de 3500 ouvrages, avec notre moteur de recherche et des bases qui sont consultables transversalement. Ce sera une consultation payante, à la demande. Mais le CDRom existera toujours. Actuellement internet et le CDRom sont en train de définir leur territoire, mais tout n'est pas figé. Nous, nous resterons sur les deux, parce que nous pensons que les deux usages sont importants. Ce qui pose problème aujourd'hui dans l'utilisation électronique de textes littéraires c'est la solitude. Nous sommes très peu à faire ça, c'est un usage nouveau. C'est un usage nécessaire, même s'il ne remplace pas tout. En effet la recherche sémantique n'a jamais remplacé la compilation réelle d'un livre avec ses yeux. Donc nous savons que ce sont des méthodes qui se développent, mais qui se développent lentement.

Le moteur de recherche que vous vendez avec le texte un est un élément important dans votre produit?
Il fait effectivement 80% de la valeur ajoutée du produit. C'est nous qui l'avons conçu, comparé à d'autres qui l'achètent tout fait. L'inconvénient c'est qu'il coûte beaucoup plus cher. Vérity, le moteur de recherche le plus connu, un progiciel, coûte 100000 F à l'achat. Le notre nous a coûté 8,5 millions de Francs de développement. L'avantage c'est qu'il est fait dans notre langue nationale, donc qu'il prend en compte toutes nos spécificités (accents…). Et il est tellement spécifique à la langue française, que la Bibliothèque Nationale nous l'a acheté (pour son serveur web par exemple), l'aérospatial…et, en fait, une quinzaine de clients extérieurs. Cette année nous somme passés à un deuxième stade, c'est d'en faire un progiciel, c'est-à-dire d'en faire un produit à part entière avec une licence. C'est ce que nous fait en le vendant à Planète, le premier serveur français de vente de livres sur le web. Notre choix de développer ces types de produits est notre survie de demain. Parce que la numérisation des textes dans 5 à 10 ans sera dans le domaine publique et ne rapportera plus : le texte sera gratuit, ce qui est normal. Mais ce qui fera la valeur ajoutée, ce sera la façon d'interroger la base. Le problème ne sera plus dans le contenu mais dans les façons qui vous sont offertes pour explorer ce contenu. Tous les efforts de ma maison d'édition, le Catalogue des Lettres, portent évidemment sur la qualité éditoriale, mais portent aussi et surtout sur la qualité du logiciel.


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Il n'existe pas de marché possible aujourd'hui dans le CDRom multimédia grand public

Vous avez donc volontairement éliminé le grand public de votre clientèle?
Oui, parce que nous pensons qu'il n'existe pas de marché possible aujourd'hui dans le CDRom multimédia grand public. Les calculs sont simples. Pour faire un CDRom correct, il faut à la fabrication entre 1,5 millions et 3 millions de francs. Or vendre un CDRom plus de 350 F l'unité, ce n'est pas possible, par rapport par exemple à un objet livre. Le public actuellement est prêt à dépenser jusqu'à 350 F, mais pas plus.Cela signifie que pour rentabiliser un titre CDRom grand public, il faut en vendre au moins 2000 exemplaires, pour uniquement rembourser les frais. Or la moyenne de vente actuelle d'un titre est de 400 à 500 exemplaires. Donc soit vous avez une puissance énorme et vous pouvez produire des CDRoms à perte, pendant des années. C'est ce qu'ont fait Flammarion et Gallimard. En bref, il n'y a pas de marché pour les CDRoms multimédia grand public, dans la mesure où le taux d'équipement est trop limité. Voici les raisons pour lesquelles nos CDRoms ne sont pas des CDRoms dirigés grand public. Nos produits sont des disques numériques de professionnels que nous mettons à disposition du grand public. La grande différence avec les Editions Acamédia par exemple (ndlr : avec Chateaubriand, Itinéraire du Romantisme les éditions Acamédia ont essayé de faire un produit avec son et image, ainsi qu'avec le texte en intégral et ajouté un moteur de recherche) c'est que nous travaillons depuis plus de 10 ans avec les Bibliothèques, ce qui n'est pas leur cas, d'où leur tendance à penser que leurs clients principaux sont le grand public. Nous sommes les éditeurs exclusifs de la Bibliothèque Nationale. C'est pour cela que nos CDRoms sont austères, parce qu'ils sont numérisés de façon professionnelle. Alors ce que nous offrons au grand public, aux professeurs qui n'ont pas les moyens de s'acheter nos CDRoms très chers à l'attention des bibliothèques sont faits sur le même modèle et ceci volontairement. Nous ne mettrons pas un centime pour rajouter des éléments qui ne sont pas dans nos CDRoms professionnels. Ca ne me coûte donc rien de faire des CDRoms grand public qui ne sont que des extraits de CDRoms vendus très chers aux bibliothèques. Et je n'ai aucune crainte sur ce que va me rapporter le marché. On n'en a d'ailleurs pas vendu beaucoup. Pour les plus connus mis sur le marché (Balzac et Zola) on en a vendu 500 exemplaires. Ce sont des titres pérennes, donc avec le temps on arrivera à en vendre 2000 exemplaires. Mais pour nous, je répète, c'est un acte gratuit.

Alors pourquoi vendez-vous vos produits 350 F environ?
Ce n'est qu'un prix de marché, effectivement. Ils me coûtent le prix de la boîte, environ 25 F. Plus précisément, 2000 exemplaires me coûtent 50000 F. Mais, on les a mis à ce prix pour des raisons simples, c'est que je n'ai aucune raison de brader le travail. De plus il ne serait pas honnête de faire payer les Bibliothèques le prix fort pour des CDRoms, alors que vous en avez des extraits bradés dans les librairies. D'autant que par tradition en France, les produits de l'Education Nationale sont moins chers. Je ne peux pas vendre la somme des extraits moins chers que les CDRoms entiers. Remarquez tout de même que la première série était à 350 F, la deuxième série à 299 F et que cela n'a modifié en rien les chiffres de vente. Parce qu'en fait entre ces deux prix, l'acte d'achat est toujours un acte de luxe.

Quelles solutions alors pour le marché du CDRom?
Pour arriver à la vente de CDRoms en masse, il faudrait arriver à des prix de vente du même niveau que les livres, de l'ordre de 80 à 100 F. Or on en arrive à des absurdités puisque dans un CDRom vous avez toute l'œuvre et pas seulement un roman.


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LILI :
mettre à disposition des professeurs des informations mais aussi récupérer leur travail

Et le ludo-éducatif sur CDRom dans tout cela, vous y croyez? Peut-on enseigner la littérature sous forme multimédia?
Et bien oui, nous avons un projet, mais sur internet. Il s'appelle LILI (pour l'enseignement de la littérature en ligne). C'est le gros projet de l'année. Nous avons en fait rencontré les conseillers du Ministère de l'Education, qui de leur côté avaient engagé une grosse réflexion sur l'utilisation de l'électronique à l'école. Le premier problème a été de connecter les écoles à internet. Et puis il fallait mettre des contenus. Or les contenus, il y en avait très peu et rien sur la littérature.On nous a donc demandé de réfléchir sur ce que pourrait être un serveur de littérature à destination de l'enseignement, avec un but très précis qui serait d'aider les professeurs, de simplifier leurs relations avec les élèves. C'est un gros projet de 2 millions de francs. En gros, Lili est un serveur centré sur les textes. Il y a les 200 plus grands textes de la littérature française du domaine public, avec un moteur de recherche digne de ce nom. Autour de cela viennent se greffer des pôles : un premier technique qui regroupe tous les dictionnaires existants, des fiches grammaticales, des cours sur des bibliographies.. tout cela pour éclairer le texte. Ensuite il y a un cours d'accompagnement pédagogique, directement sur le roman mais aussi jusqu'à des notices particulières sur tel ou tel auteur. Puis il y a des explications de textes : c'est en cela que le projet est révolutionnaire. En effet, depuis 50 ans, on étudie toujours les mêmes pages d'un roman, la première pour Un amour de Swann, la dernière pour La Chartreuse de Parme…Or il y a en France des professeurs admirables, qui font des explication de textes, de textes moins utilisés, avec d'autres visions. Ces explications profitent à leurs élèves, mais ensuite disparaissent dans les souvenirs. L'idée de ce serveur c'est de mettre à disposition des professeurs des informations, mais aussi de récupérer leur travail. Tout prof produisant une explication de texte qu'il estime mériter de quitter la simple enceinte de sa classe pourra la mettre en ligne. Pour la première fois dans ce système, il y a un va et vient, qui n'existe pas aujourd'hui dans les structures de l'Education Nationale. L'Education Nationale se garde bien actuellement de dire aux professeurs comment il faut enseigner, tant mieux pour eux, mais en même temps pour certains, cette liberté est un trou noir. Evidemment, il y aura des choses intraduisibles en ligne, cela restera la magie du cours, de l'oral. Mais ce que je veux récupérer, c'est la vision du texte d'un prof.
Je vous le rappelle. Je n'ai aucun mépris pour les créateurs de CDRoms. Mais notre travail à nous est différent, il est de grande envergure. Nous voulons mettre à disposition du plus grand nombre un maximum de textes. Et cela ne passe pas par le CDRom ludo-éducatif. Ca passe par des réseaux, par l'appui sur le système scolaire, par une fréquentation d'internet qui reste à créer. Nous ne nous adressons pas aux personnes. Nous essayons de mettre face à face une communautés de scientifiques et une communauté de textes. C'est pour cela que nous recherchons des moyens de grosse artillerie. Parce qu'on pense aussi que le petit fusil n'a aucune chance.

Votre parcours?
Au départ, il y a deux personnes Jean-Pierre Chakoun, et moi-même. On est des copains d'hypo-khâgne. Il se trouve que Jean-Pierre a eu un parcours centré sur les bibliothèques, il a géré de grands établissements, puis est passé dans le privé. Il a alors pris la direction d'une société qui s'appelait à l'époque Chadwyck Healey France, qui était la filiale française du grand groupe d'édition anglais, le leader mondial de la base de donnée littéraire. Cette mission d'édition avait, il y a trente ans maintenant, abandonné le livre pour le support microfiche. Et évidemment quand le numérique est arrivé, ils sont vite passés au CDRom. Eux avaient déjà quitté le tabou du livre depuis longtemps, et naturellement ils ont changé de support. Pour ma part, je viens du journalisme et de l'édition et je participe depuis 10 ans à l'édition du Corpus des Œuvres de Philosophie en langue Française sous la direction de Michel Serre chez Fayard, qui a pour ambition de republier toute la philosophie française. La thèse de Michel Serre était de dire que tous les textes de philosophie font une cathédrale mais qu'on n'en voit que le clocher et en a oublié la majeure partie. C'est pourquoi il est essentielle de reconstituer la cathédrale en republiant tous les textes de philosophie, sans juger de leur valeur. Cela fait en tout 500 titres. Et c'est moi qui ai été chargé d'éditer cette collection. Or moi je suis littéraire et pas philosophe. C'est pourquoi je me suis dit qu'il fallait faire la même chose en littérature, exhumer l'ensemble de la littérature française. Parce que ce qui reste de la littérature française, c'est pitoyable. Il nous reste à peu près 20 auteurs. C'est rien par rapport à la qualité de la production. Et les gens qui ont disparus ne sont pas forcément des mauvais. Or quel éditeur accepterait d'éditer 250.000 volumes…ce que représente la littérature française. Je ruminais cette idée depuis longtemps quand j'ai vu arriver le CDRom. Et là, j'avais trouvé le contenant de mon idée. On a donc créé Le Catalogue des Lettres, avec Jean-Pierre, une toute petite entreprise, comme une sorte de danseuse, à côté de nos activités réciproques. On s'est offert, en fait, Le Catalogue des Lettres, pour commencer le mouvement, sortir des CDRoms de littérature et puis on verra pour la suite. Pendant deux ans, il y a donc eu un David et un Goliath, David étant Le Catalogue des Lettres, et Goliath, Chadwyck Healey France. C'est alors que les aléas de la vie économique et les contradictions du capitalisme ont fait que Chadwyck Healey France, une entreprise extrêmement prospère a été mise en vente par la maison mère. C'est alors qu'on s'est dit qu'il fallait racheter Goliath. Mais on n'avait pas un sou. On a appris le 21 novembre 1996 que Chadwyck Healey France était en vente et qu'il fallait trouver l'argent pour le 21 décembre. Ce fut le pire mois de notre existence, parce qu'en France mais surtout dans l'édition, on ne prête pas aux pauvres. On a tout de même réussi et on s'est retrouvé à la tête de deux sociétés d'éditions complètement disproportionnées dans leur taille. C'est à partir de là que tout s'est accéléré, qu'on a changé d'échelle, qu'on a fait entrer des capitaux en capital risk, qu'on a fait aussi rentrer dans notre capital la Caisse des Dépôts et Consignations. On s'est en fait donné les moyens de ce que l'on voulait faire. Nous ne sommes donc pas éditeurs multimédia mais éditeurs électroniques. Le projet est donc une rencontre entre deux parcours, une conviction sur le devenir de l'édition électronique et aussi un coup de chance qui nous permis de racheter Chadwyck Healey France. Maintenant, nous sommes 32 dans la société.


 Jean-Michel Ollé,

un éditeur de littérature, donc de textes

Fondateur des éditions Le Catalogue des lettres, et propriétaire de Chadwyck Healey France, 1er éditeur de textes électroniques en France

>>Interview >>Biographie >>CDRom
 

 Ensemble des témoignages

Victor Hugo : éditeur, auteur
Jules Verne : auteur
A. David-néel : auteur

Biographie

 

Jean-Michel Ollé est de ces gens qui ont une passion, une vue marketing sur un projet et une forte propension à la poésie. Et, avec un coup de chance et de l'amitié, cela donne un rêve construit, mis en place et qui fonctionne.

Ce rêve, c'était la numérisation de toute la littérature française tombée dans le domaine public à savoir plus de 250.000 volumes. Et bien il a commencé avec des CDRoms à l'attention de Bibliothèques et se met maintenant à des produits identiques en ligne, payants.
Et pour faire vivre tout ces rêves, il vend un moteur de recherche francophone adaptable à tout support texte en français.

Mais il avoue bien volontiers que son métier est dur : l'édition électronique est un métier de solitaire parce que peu de personnes y ont cru. Il faut fonctionner par tâtonnement et par anticipation des besoins. D'autant que, en France, peu ont fait le deuil de l'édition papier pour passer à des supports différents. Jean-Michel Ollé livre donc bataille plus à des mentalités qu'à des technologies.

En tous cas, faire des CDRoms sans image, ni son était osé. Nous savons maintenant que Jean-Michel Ollé n'est pas un éditeur multimédia, mais un éditeur électronique. Le marché semble-t'il est en train de lui donner raison.

 

Balzac
La comédie humaine,
texte intégral


Jean-Michel Ollé

>>>Interview >>Biographie >>CDRom

Fiche technique et analyse

 

Date de sortie: 1997
Editeur, diffuseur: Le Catalogue des Lettres
Studio de création: Bibliopolis Chadwyck Healey France
Auteurs: Jen-Michel Ollé, Jean-Pierre Sakoun
 Image :  (pas d'image)
Son :  (pas de son)
Cible: grand public de tous âges
Prix approximatif: 350 francs
Plateforme: PC

Balzac, la comédie Humaine se veut être un ouvrage de référence pour les lecteurs, étudiants et chercheurs des textes classiques du répertoire français de littérature du XIX° siècle. C'est ainsi que dans la même collection, et calqué sur un principe exactement identique, on peut trouver Gustave Flaubert- l'œuvre romantique, Stendhal - l'œuvre romantique, ou Zola - Les Rougon Macquart.

Ces cd-roms sont nommés par l'éditeur : logiciel de recherche. Ce logiciel "offre toutes les possibilités aujourd'hui éprouvées dans le domaine de la recherche documentaire, littéraire, et lexicologique".*
* Citation de l'éditeur reprise de la boite-coffret du cd-rom.

Ce CDRom a choisi le parti de mettre en valeur le texte, et UNIQUEMENT le texte.
Donc pas d'images, pas de dessins, pas de graphiques, et pas de son.

 

En réalité, ce CDRom se compose des textes originaux des œuvres citées de l'auteur, et d'une possibilité de recherche par mots-clés des œuvres proposées.

Une recherche approfondie a semble - t'il été menée pour savoir par quel moyen on pouvait rentrer dans une œuvre lorsque l'on fait une recherche universitaire sur les textes classiques. L'option par mots-clés a été choisie parce qu'elle est facilitée par la machine informatique. Pour plus d'aisance, voici l'explicatif donné afin d'arriver à une recherche plus précise:
Extrait du chapitre aide du CDRom Balzac-La comédie humaine

" Lorsque vous cliquez sur le bouton Recherche, un écran comportant deux sections de recherche
apparaît.

Recherche
Historique des recherches

1- RECHERCHE

Dans ce mode de recherche, vous pouvez sélectionner des critères dans les champs suivants :

Titre
Date de parution
Mots ou expressions du texte

Dans le champ Titre, vous pouvez sélectionner plusieurs critères. Pour effectuer une
multisélection, cliquez sur un des titres puis maintenez le bouton CTRL enfoncé et cliquez sur un second titre. Les valeurs sélectionnées seront séparées par OU par défaut.

Pour sélectionner plusieurs titres à la suite, cliquez sur le premier titre que vous voulez
selectionner, puis sur le dernier et appuyez sur MAJ. Les valeurs sélectionnées seront séparées par OU par défaut.

Dans le champ Date de parution, saisissez les années de votre choix.
Dans le champ Mots du texte, vous pouvez saisir soit un mot, soit une chaîne de mots à
rechercher.

Vous pouvez effectuer des recherches particulières en utilisant les opérateurs décrits ci-dessous :

Combinaison de plusieurs termes de recherche avec les opérateurs booléens

Dans le champ "Mots et expressions du texte ", vous pouvez combiner des termes de
recherche à l'aide des opérateurs booléens ET, OU, SAUF, OEUVRE

ET
restreint le champ de la recherche : il permet de rechercher deux mots contenus dans un même chapitre. Par exemple : travail ET argent

OU
élargit le champ de la recherche : il permet de rechercher au moins un des mots dans un même chapitre. Par exemple : travail OU argent

SAUF
restreint le champ de la recherche : il permet de rechercher dans un même chapitre le
premier terme mais pas le second. Par exemple : travail SAUF argent

OEUVRE
restreint le champ de la recherche : il permet de rechercher deux mots dans une même
oeuvre. Par exemple : travail OEUVRE argent

 

Recherche de proximité :

La recherche de proximité vous permet de rechercher deux mots séparés par une distance
donnée. Dans ce cas, l'ordre des mots n'est pas pris en compte.Pour définir une recherche de proximité, tapez les deux mots en les séparant par les caractères M3, (3 étant le nombre de mots autorisés entre les deux mots recherchés).

Si par exemple vous entrez l'expression : travail M3 argent, la recherche sera lancée dans toutes les œuvres comportant travail et argent séparés par trois mots maximum, et dans n'importe quel ordre.

Recherche par troncature :

Vous pouvez effectuer une recherche par troncature pour rechercher les variantes d'un mot dans le champ Mots et expressions du texte .Pour définir une recherche tronquée, tapez la racine (au moins trois caractères) du terme recherché, suivie d'un astérique (* ). L'astérique doit être précédé d'au moins trois caractères. Il peut remplacer un seul caractère ou un nombre
quelconque de caractères.
Si par exemple vous lancez une recherche sur condit* , vous obtiendrez toutes les œuvres
contenant les termes condition, conditionne, conditionnement, conditionné…

 

La recherche par adjacence :

La recherche par adjacence vous permet de rechercher plusieurs mots situés côte à côte, et dans l'ordre spécifié. Si vous voulez rechercher des mots adjacents sans tenir compte de l'ordre des mots, utilisez la recherche de proximité.

Pour rechercher des termes adjacents, tapez les mots séparés par un espace. Si, par exemple, vous entrez l'expression quartier parisien, la recherche sera lancée dans toutes les œuvres qui contiennent l'expression exacte quartier parisien. "

 

Cette recherche minutieuse et techniquement au point trouve ses limites dans le principe-même de départ : la recherche par mots-clés. Tout ne peut pas se résumer par des mots-clés.
Prenons un exemple très simple. Nous voudrions savoir ce que Balzac a exprimé dans ses romans sur le baptême et la religion en général.
Résultat :
1. "baptême" :
36 occurrences dans 22 ouvrages
Exemple :
Béatrix : " avant le mariage elles on reçu du monde et de leur mère le baptême des bonnes manières "
Honorine : " (…) de vous désigner mon protecteur sous son nom de baptême "

2. "baptême ou religion" :
580 occurrences dans 71 ouvrages
3. "baptême et religion" :
89 occurrences dans 13 ouvrages
4. "religion M3 baptême" :
0 occurrences dans 0 ouvrages
5. "bapt*" :
86 occurrences dans 38 ouvrages
6. "religi*" :
1192 occurrences dans 78 ouvrages

Cette recherche par mots-clés nous donne le nombre de fois que Balzac a écrit le mot religion ou baptême, mais pas lorsqu'il en parle. Imaginons qu'il ait écrit : "ah! ces curés, toujours à coller Dieu sur nos mômes avant même qu'ils ne sachent dire bonjour, avec une goutte d'eau, qui représente ma fois, bien pas grand-chose".
Balzac parlerait de baptême, de religion et même exprimerait son côté anticlérical, sans jamais avoir utilisé les mots "baptême" ou "religion". Et bien avec la recherche proposée par le logiciel de recherche, nous n'aurions jamais pu obtenir cette phrase essentielle pour notre recherche.

D'où des limites évidentes pour ce qui est de la recherche réelle sur les textes de Balzac.

En revanche, le moteur de recherche élaboré par une équipe française pour des recherches avancées universitaires permet des découvertes de mots avec accents et autres particularités de notre langue.

Ce moteur de recherche qui est en fait 90% de la valeur ajoutée du CDRom est très intéressant lorsque l'on veut faire des recherches universitaires poussées de vocabulaire et de grammaire.

Le créateur de ces CDRoms est d'ailleurs tout a fait conscient de ce décalage de fond avec les autres CDRoms littéraires sur le marché. Il déclare : "Nous sommes là sur le marché pour servir essentiellement la communauté de bibliothèques et des enseignants. Nous avons eu l'intention en créant le Catalogue des Lettres de numériser toute la littérature française du domaine public donc jusqu'en 1927.(...) Nous avons donc réfuté l'idée que pour faire un CDRom, il fallait de l'image et du son."

La navigation proposée dans ce CDRom, à savoir le moyen proposé à l'utilisateur de se promener entres les différents dossiers du support est très simple.
Sobre, la navigation correspond à un CDRom de recherche et non de divertissement. Il correspond donc à ce que l'on pouvait s'attendre.

L'interactivité ou l'art de créer de la liberté à l'attention de l'utilisateur, apanage du support CDRom, découle du nom-même du CDRom: ce produit se veut être un logiciel de recherche, la sollicitation de l'utilisateur s'effectue donc lorsqu'il commence une recherche. L'utilisateur peut lire les œuvres proposées, parcourir une biographie extrêmement succincte de l'auteur (environ 800 caractères), et faire une recherche par mots-clés sur ces œuvres. Et c'est tout.

L'immersion dans l'œuvre grâce aux outils multimédia (sons, images...) n'a pas été retenue. Donc aucune sensation de découvrir Balzac, son œuvre, son époque, ses contemporains, sa vie...

 

On en vient donc à se poser la question de la pertinence du support CDRom à cet exercice :
1. Obtention des œuvres complètes d'un homme de littérature, sur un disque
Effectivement, du point de vue de la place par rapport au support papier on peut y trouver un avantage. Mais ces œuvres passées dans le domaine public sont facilement consultables par d'autres moyens et peut chères grâce aux livres de poche. Le CDRom quant à lui leur coûte 349 F !!! et demande évidemment un équipement informatique conséquent. A ce fait financier, Jean Michel Ollé rétorque qu'effectivement, c'est cher, mais ses CDRoms ne sont pas à l'attention du grand public , mais des professeurs et chercheurs qui ont besoin d'un texte numérisé sur lequel ils peuvent s'appuyer grâce au moteur de recherche référençant tous les mots des textes.
De plus, on connaît les difficultés que l'on peut rencontrer pour lire sur un écran. Donc peu d'avantage à avoir les œuvres de Balzac sur CDRom, par rapport au livre sinon pour un problème de place.

2. La recherche proposée est intéressante pour une recherche universitaire. En effet, des travaux de syntaxe, d'étude de vocabulaire, d'études littéraires précises sont étonnamment facilitées par le moteur de recherche proposé. Mais les recherches possibles sont limitées par le problème des mots-clés limitant le sens à l'utilisation d'un substantif. Elle ne permet pas la comparaison de chapitres entiers quant à leur sens ou à leur style, voire leur évolution dans le temps.
Il n'y a pas de méta-liens autres que sur les mots qui pourraient être particulièrement intéressants lorsque l'on étudie une œuvre gigantesque comme la Comédie Humaine de Balzac.

Balzac, la Comédie humaine, logiciel de recherche, est une compilation des œuvres de l'auteur cité. Ce n'est pas un CDRom de recherche sur l'auteur ou sur l'œuvre que l'on prend par le biais simple des mots.

A ne pas acheter, lorsque l'on n'est pas très riche (les bibliothèques équipées en support multimédia ont ces CDRoms, donc pas de panique !).
A ne pas consulter lorsque l'on aime les CDRoms au graphisme intéressant, à l'interactivité stimulatrice et à la découverte d'un homme et de son œuvre.
A consulter lorsque l'on a besoin de connaître statistiquement ce que contient la comédie humaine de Balzac...


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