Fondateur des éditions Arborescence, fondateur et PDG d'Havas Interactive, éditeur de plus de 50 CDRoms, le plus grand visionnaire du marché multimédia français >>Interview >>Biographie >>CDRom |
Jules Verne : auteur Balzac : auteur A. David-néel : auteur |
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Vos vues sur le multimédia après 10 ans d'activité? Je suis arrivé à ces conclusions après beaucoup de travail et pas par hasard. Bref, l'idée de la chanson selon Brel, c'est que c'est un art mineur. Il racontait qu'en deux ou trois minutes d'une chanson, on n'a pas le temps de raconter une histoire. Or quand j'étais jeune, j'adorais Brel, et je ne comprenais pas sa réflexion. Aujourd'hui je comprends mieux la réflexion de ce bonhomme, parce qu'il était au cur des choses, c'était son métier et c'était son expérience qui parlait. Le multimédia, c'est pareil, c'est un art mineur. Vous avez donc arrêté votre activité en multimédia?
Le CDRom est en fait un support qui demande beaucoup d'énergie,
qui est très compliqué par rapport au marché et par
rapport à la satisfaction qu'on en retire. L'écran finalement
est trop petit. On a surinvesti par rapport au marché et au support.
Le CDRom est mort parce que le marché ne s'est pas créé,
à cause des coûts de production. Si voulez faire de belles
choses, c'est beaucoup d'argent. (Le XIX° Siècle de Victor
Hugo, c'est 1,5 millions de Francs) par rapport à un marché
inexistant. On ne pourra donc plus jamais faire un CDRom comme celui de
Victor Hugo. Je lui ai dit à Soussigne lorsque son produit a été
sur le marché. Lui croyait qu'on allait en vendre parce que le produit
était bien, moi, je savais que bien ou pas bien, le CD n'allait pas
se vendre. En quoi croyez-vous maintenant? |
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Vous débutez en 1989, avant tout le monde? En médecine, on dit que c'est la fonction qui fait l'organe et pas le contraire. Et là pour moi, c'était la même chose, la couleur allait transformer l'usage de la machine: ça n'allait plus être une machine à calculer, ou ranger, mais ce deviendrait une machine à montrer. Je crois que c'est la seule vision que j'ai jamais eue, qui est très très juste, aujourd'hui, mais qui, à l'époque, était complètement folle. Voilà donc notre départ: la machine, va être interactive, multimédia, en tous cas animée. Et puis la société s'est très bien développée sur ce secteur en faisant du luxe, des présentations d'entreprises, des démonstrations de produits, des images de synthèse jusqu'au moment de la Guerre du Golfe. Souvent on croit qu'on est génial et puis on se rend compte qu'on a eu beaucoup de chance. Donc la guerre est arrivée et je n'avais plus rien à faire faire à mes 20 employés. J'allais à l'époque beaucoup aux Etats-Unis et j'ai vu émerger le marché des CDRoms. Je me suis dit alors, c'est ça qu'on va faire, on va être éditeur. Evidemment, on ne fait pas les choses par hasard, il y a des passions derrière. Passionné par le livre, j'ai toujours voulu être éditeur. Quel est le CDRom que vous avez préféré dans
tous ceux que vous avez édité? |
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Votre originalité, c'est d'avoir fait confiance à des
auteurs venus du monde littéraire? J'avais une société qui marchait très très
bien. On est, je crois les seuls, qui avons toujours gagné de l'argent
sur ce secteur. J'ai toujours eu des bilans équilibrés et
positifs, jusqu'à l'année de mon départ où,
là, c'était autre chose. Votre parcours et votre politique? Il fallait donc, c'était une nécessité, une relation exceptionnelle entre un auteur et son éditeur, avec une grande phase de transmission du savoir. Et paradoxalement, les auteurs ont fait évoluer les technologies. Par exemple, pour ce qui est du son et de faire synchroniser le son et l'image. En cinéma, c'est une évidence, en informatique c'est un vrai casse-tête parce que toutes les machines ne tournent pas à la même vitesse. Il y a aussi le problème de la typo, est-ce qu'on doit lire à l'écran, qu'est-ce qui est lisible ou pas. Avec les nombreuses discussions avec les auteurs, on a créé de nouvelles formes de développements qui ont été reprises dans les produits suivants. |
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Quelles sont les politiques de vente-marketing de nos jours pour vendre
un CDRom? Travaillez-vous toujours pour l'Arche? Vous croyez au ludo-éducatif sur CDRom? Et sur l'internet? |
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Si on a deux ou trois ans d'avance avec vous, qu'est-ce qui va marcher? Je crois aussi que les ordinateurs tels qu'on les connaît vont disparaître. Vous aurez dans votre poche une petite machine avec laquelle vous pourrez écrire, téléphoner. Vous aurez des machines dédiées à une fonction: votre téléphone fera internet, votre machine à écrire sera un "act-up" pour envoyer des trucs, imprimer, faire vos comptes. Vous aurez la télévision pour l'interactivité et la console pour le jeu. Vous croyez donc toujours à la télévision numérique
interactive, comme vous l'aviez écrit dans les propositions de l'Arche,
en 1996? Y aura-t'il un seul écran pour la maison En résumé, le multimédia est un leurre. Les choses qui ont été faites ne sont pas pérennes, dans 4 ou 5 ans il n'y aura plus de machine pour les CDRom dans l'état actuel. Il va falloir attendre10 ou 20 ans pour pouvoir avoir de nouveaux produits pour le long terme. Parce qu'en fait le média qui bouffe tout, c'est la télé. Le poids de la télé dans l'occupation des gens est trop fort. Le seul élément qui arrive à concurrencer la télé, c'est le jeu, c'est tout. La meilleure métaphore du numérique actuellement c'est le DVD. Je suis très impressionné par le DVD, par rapport à une cassette-vidéo. Je crois que la télé va rester la même, en mieux, avec un interactivité. Il suffit de regarder de la formule1 sur CanalSatellite : on peut choisir son point de vue, sa caméra. Il va y avoir ces types de choses dans tous les domaines. Et puis il va y avoir d'autres fonctions rapportées, proches de ce qu'on avait sur le minitel. Ca va être des annuaires, du télé-achat. La télé numérique, c'est le prolongement de l'interactivité sur ordinateur, pour des fonctions particulières. Et ça, j'y crois beaucoup, oui. |
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Max Dérhy est l'homme du multimédia en France, le visionnaire, celui qui a cru le premier au multimédia, et qui a aussi été le premier à être déçu par le marché du CDRom.
Son discours plutôt négatif, n'est pas un coup de gueule après une désillusion d'un monde dur, celui de l'édition. Son pessimisme vient d'une réflexion de plus de dix ans d'activité et de près d'un an de réflexion, hors du marché économique. Faisons-lui confiance, il a prouvé que ses visions avaient du poids...
Dates :
- 1989 : Créateur de la première société de produit multimédia Arborescence en 1989, sur la simple idée que la couleur allait révolutionner l'utilisation de la machine informatique. On connaît leurs superbes présentations luxueuses de voitures de collection, leurs CDRoms sur toutes les régions du monde...
- 1992 : Monet, Verlaine, Debussy. Les tryptiques (CDRom de Guy Casaril)
- 1994 : Max Dérhy revend Arborescence à Havas, et crée Havas Interactive, promettant au géant du voyage de devenir aussi un géant du multimédia. Le pari est particulièrement réussi lorsque l'on voit le tapage médiatique lors de la sortie de HOL
- 1997 : Max Dérhy quitte Havas Interactive, et se consacre à la lecture et à l'écriture
Max Dhéry |
Ce CDRom a pris le parti de présenter le XIX° siècle par l'intermédiaire d'un homme de littérature : Victor Hugo. Ce CDRom se veut être "tout le XIX° siècle, la lumière de la vie et de l'oeuvre de Victor Hugo, l'homme-siècle."*
*Citation de l'éditeur, reprise de la boite-coffret jointe au CDRom.A l'instar de la vie et l'oeuvre de Victor Hugo, ce CDRom crée une impression de foisonnement, de gigantisme, de lourdeur tellement les chemins pour appréhender l'homme Hugo et son siècle sont nombreux.
Tableau récapitulatif de l'arborescence (dans le sens décroissant de son volume d'informations):
1. L'homme-siècle
2. L'homme-océan
3. Index
4. L'exil
5. Prologue
6. Net (lien avec Internet)Evidemment, les rubriques sont reliées entre elles, et une lecture transversale est possible selon que le sujet le permet.
Les deux principales rubriques sont l'homme-siècle et l'homme-océan.
1. L'homme-siècle :
Pour resituer un homme dans son siècle, Jean-Pierre Soussigne l'a fait en développant ce qu'était le XIX° siècle, chronologiquement, par repères historiques, mais aussi par la mise en évidence de l'emprunte laissée par la personnalité-même de Victor Hugo sur l'Histoire.La liberté laissée à l'utilisateur tient dans cet enchevêtrement d'informations que l'on peut découvrir à son gré.
Par exemple, les caricatures sur Hugo, visibles à plusieurs endroits.
Ou encore à l'intérieur d'une grande section, deux possibilités sont offertes pour découvrir une oeuvre ou un homme : en cliquant sur le chapitre choisi et revenir au sommaire, puis de nouveau choisir une nouvelle oeuvre ou un autre homme du XIX° siècle, ou bien opter pour la touche "suivant" qui permet de voir à la suite tous les chapitres cités (on peut faire suivant, précédent, ou retour). Le choix est donc laissé à l'utilisateur : appréhender l'histoire du XIX° siècle par thème par chronologie, tout en panachant à souhait les deux possibilités.2. L'homme-océan :
Dans ce chapitre qui se veut être un aperçu de l'oeuvre de Hugo, des choix précis ont semble-t'il été pris : pas de textes intégraux, pas de résumés d'oeuvres, mais un choix volontairement étudié.Déjà, une seule oeuvre, est vue intégralement, c'est Hernani. Elles est resituée par rapport à Hugo : il l'a écrite lorsqu'il avait 28 ans, par rapport à la production littéraire de l'époque, et par rapport aux événements politiques du moment.
Voici les entrées possibles sur l'oeuvre :
- note d'intention de Victor Hugo sur Hernani
- rapport du comité de censure
- décors
- costumes
- Nouveautés d'Hernani dans la vie littéraire parisienne
- texte : acte IVoici donc un véritable survol d'Hernani de Hugo remise dans son contexte. Pas d'étude plus précise sur la synthaxe, le vocabulaire, ou toutes les autres techniques habituelles proposées pour étudier littérairement une oeuvre romanesque. Le parti-pris a été de resituer dans son contexte historique la vie et les oeuvres de Hugo, et non de faire une étude des textes de Victor Hugo.
On peut par ailleurs lire un nombre impressionnant d'uvres très importants dans le chapitre'Index'.
Notons le passage obligé pour ouvrir le chapitre sur Hernani : un écran de Victor Hugo jeune, ainsi qu'une citation du moment. Jean-Pierre Soussigne, l'auteur explique très bien ce choix :
"Il fallait que les gens sachent que Hugo n'a pas toujours eu la barbe, n'a pas vécu l'art d'être grand-père à 30 ans, et donc qu'Hernani et une uvre unique mais écrite par un Hugo qui a 27 ans. Pour moi, il fallait un chemin obligatoire par cette information " .L'autre parti pris est de choisir des oeuvres moins connues de Victor Hugo : ses dessins, ses caricatures, ainsi que des extraits de textes moins connus.
Jean-Pierre Soussigne reconnaît même qu'il aurait aimé aller plus loin dans ce sens. En effet, si le temps le lui avait permis, il aurait ajouté un chapitre expliquant les prémices du surréalisme dans l'uvre de Hugo, "évidemment pas dans les uvres comme Les Misérables ou Notre Dame de Paris, mais dans d'autres moins connues ".Le support CDRom permet d'entremêler le texte, les images et le son.
Jean-Pierre Soussigne a utilisé au maximum la possibilité de cumuler ces trois médias. Il exige de notre cerveau que nous puissions lire, regarder, et écouter, en même temps, trois sujets différents. Il déclare lorsqu'on lui parle des fameux écrans qui détiennent à la fois une citation qui défile, un texte lu par la voix de Victor Hugo, ainsi qu'une biographie à lire : "c'est moi qui ai pensé à mettre tous ces médias sur un même écran. Effectivement, c'est novateur, mais on me l'a reproché. On a dit que c'était illisible. J'aime bien moi titiller les sens. C'était une volonté de départ. C'est d'ailleurs un peu comme cela que je fonctionne, j'aime faire travailler les différentes parties de mon corps, un peu comme si c'était du sport."Cela crée une ambiance toute hugolienne : la foison, le gigantisme, d'un homme de lettre politicien, dessinateur, caricaturiste...
Les chemins, les liens entre les grands chapitres, les retours, les possibilités de découverte de l'auteur sont en nombre gigantesque, à la limite du surplus. L'avantage, c'est que l'on a l'impression qu'à chaque ouverture du CDRom, on ouvre un cd que l'on ne connaît pas. Ce foisonnement est d'ailleurs un choix volontaire du concepteur, puisqu'il déclare :
"L'écriture multimédia détient un rapport avec la liberté au sens large qui est très spécial, très ambigu. Sur certains écrans du XIX° siècle de Victor Hugo, il existe pas moins de 18 entrées possibles ! Cette liberté a été volontaire : elle participe à l'amplitude de l'uvre de Hugo. S'il y au autant de chemins, c'est pour montrer le gigantisme de Hugo, ses liens avec toutes les strates de la société du XIX° siècle. "La somme impressionnante des thèmes abordés et le graphisme évocateur créent par cette forme de déambulation au travers du XIX° siècle une sensation unique d'imprégnation dans un siècle foisonnant d'innovations de grands hommes, et de grandes interrogations.
Ces liens et rapprochements sont particulièrement bien réussis, pour ne pas dire plus. On sent dans le travail de l'auteur une recherche d'arborescence qui corresponde complètement à Hugo. Le script n'est pas seulement là pour ranger la somme importante d'informations sur l'auteur. Mais il met en valeur, prouve, et exprime un homme, son caractère, son uvre gigantesque.
Ce CDRom est donc un véritable survol d'un siècle et d'un homme : Victor Hugo.
Ont été utilisées au maximum les possibilités de cumuler les supports image-son-animation pour créer une ambiance de foisonnement, de gigantisme, à l'instar de ce que fut Victor Hugo dans son siècle.
Promenade certaine dans un siècle foisonnant, Le XIX°siècle de Victor Hugo, est avant tout une découverte de l'homme, de ses entrailles. Et c'est grâce au travail de Jean-Pierre Soussigne, auteur dramatique et metteur en scène, à sa recherche de la quintescence de Hugo, à son immersion complète dans un homme, un siècle et une uvre que le CDRom le XIX° siècle de Victor Hugo est unique et aussi profond.
C'est enfin un véritable CDRom culturel par sa réussite ionographique et musicale, mais aussi grâce au choix des Editions Havas Interactive et Arborescence d'avoir opté pour une politique d'auteur dans la création CDRom.
C'est en fait grâce à l'alchimie de tous ces éléments que l'on voit vibrer numériquement notre gigantesque auteur national Victor Hugo.
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