Histoire de l'école multimédia?

L'Ecole Multimédia a été ouverte il y a trois ans, par une équipe de journalistes de graphistes, d'informaticiens et de réalisateurs multimédia qui avaient aussi de l'expérience dans la formation continue, au métier de la presse et des arts graphiques depuis une vingtaine d'années. Nous avions une problématique en commun : l'évolution des métiers traditionnels sur des nouveaux supports de communication. Nous sommes maintenant 17 salariés permanents plus un nombre de vacataires formateurs imposant. La moyenne d'âge est plutôt basse. En terme d'activité, il y a une demande de plus en plus forte : nous avons commencé avec deux salles de cours, nous en sommes actuellement à neuf, 130 machines en réseau, toutes connectées sur internet.

Quelle est l'évolution des stagiaires que vous formez depuis 3 ans maintenant ?

On a commencé par des formations qui étaient au départ très orientées CDRom. Cela continue parce que le marché augmente d'environ 30% par an en volume. Pour ce qui est du web la croissance se situe aux alentours de 300% par an, ce qui est sans commune mesure. Le développement important sur le multimédia, actuellement, c'est donc l'internet depuis un an, un an et demi, avec une demande de personnel qualifié. Les fonctions les plus prisées sont techniques et informatiques. Les demandes ne sont d'ailleurs pas toujours très claires de la part des entreprises de par la situation actuelle de l'industrie multimédia. Il n'y pas de convention collective, d'échelle des salaires et des qualifications, et les entreprises demandent des gens complètement polyvalents, avec d'énormes compétences.

La demande devient de plus en plus précise dans la segmentation des métiers. De nos jours, on demande des chefs de projets, des concepteurs, des intégrateurs, des graphistes, alors qu'au début il y avait une illusion du concepteur réalisateur qui était capable de faire un produit CDRom par exemple de a à z, sur son macintosh dans son hangar, au même titre que Monsieur Renault créait des voitures tout seul au début du siècle dans son garage. Cette période est révolue.
Ce qui me semble essentiel comme évolution de fond, c'est que l'on a de plus en plus d'entreprises qui recherchent soit des jeunes en formation en alternance, soit des salariés envoyés directement des structures de production pour apprendre les nouveaux logiciels , alors qu'au début les demandes venaient plutôt d'individus qui voulaient d'eux-même se former au multimédia. On a également développé des émissions thématiques que l'on retransmet en direct sur internet en collaboration avec le journal "Le Monde", et aussi avec une association de graphistes française "les rencontres de Lure". Ce qui nous a donné une compétence de formation spécifique qui est très prisée par les entreprises.

Pouvez-vous me parler plus précisément des personnes qui sont en formation en alternance chez vous ?

Ils sont au nombre de 120. Il y a une première formation qui s'appelle "réalisation multimédia" qui forme des intégrateurs graphistes. Il sont souvent en contrat de qualification, et on arrive à des taux d'embauche de 90 à 100%. Ensuite on forme des webmasters et des programmeurs. Ce qui est le plus demandé ce sont les graphistes intégrateurs, c'est-à-dire des techniciens opérationnels. Sur les 120, 90 sont formé comme graphiste intégrateur. Les webmasters qui ont une double compétence à la fois technique et de fond sont de plus en plus demandés.

Avez-vous une sorte de credo qui vous suivez dans toutes vos formations ?

Nous formons des gens qui sont capables de fournir des produits off line et on line, et ceci pour plusieurs raisons : parce que les logiques de productions sont similaires, parce que la réflexion sur l'écriture et l'ergonomie se rapprochent, et parce que les outils sont complémentaires.

Que conseillez-vous à une jeune de 18 ans qui veut se former au monde du multimédia?


En l'état actuel des choses, je lui conseille de faire une école de communication audiovisuelle puis de faire une spécialisation multimédia. Pour ceux qui veulent être chef de projet, webmaster, je leur conseille plutôt de faire des études classiques longues dans l'univers de la communication, de l'information, d'avoir un très bon niveau de culture générale puis de faire une spécialisation technique. Le multimédia n'est qu'un support. C'est pour cela que je conseille en premier des études classiques, pour le contenu, pour le fond. Il n'y a pas de multimédia s'il n'y a pas de savoir traditionnel, même pour les graphistes. Nous, nous formons en alternance, en continu. Nous apportons plutôt des compléments à un savoir déjà acquis. C'est pourquoi nous avons besoin de nous appuyer sur des savoirs classiques.

L'avenir de l'école ?

La demande pour l'Ecole Multimédia est très forte actuellement. On est en manque de place. On ne refuse pas encore de candidats, mais on ne sait pas exactement où l'on mettra en juin prochain nos stagiaires. Ce qui va se développer ce sont les réseaux. Et en France on en est vraiment qu'au début. S'il y a une révolution elle est là : le nouveau système de communication par internet. Et si le nombre de personne à former est au prorata du nombre de futurs connectés, j'ai du travail en perspective ! Au niveau de l'école nous sommes plutôt en train de freiner la croissance pour monter en qualité. Faire de la formation est une matière délicate, c'est du "matériel humain". Et donc la formation doit être très adaptée aux développement des techniques mais aussi aux individus qui sont formés.